Stéphane Charpier, "Le cauchemar de Descartes: Ce que les neurosciences nous apprennent de la conscience"

En s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, le neuroscientifique montre comment la vision issue du dualisme cartésien selon laquelle la pensée réflexive commande les actions, reléguant le cerveau au rôle d'exécutant de la conscience, est remise en cause par les recherches actuelles. Des expériences prouvent en effet que des activités cérébrales inconscientes précèdent les intentions conscientes.

Nous avons tous la certitude que notre existence est guidée par des choix raisonnés, reléguant notre cerveau au rôle de simple exécutant de notre volonté. Issue du dualisme cartésien, cette vision « cogito-centrée » est remise en cause par les neurosciences.

« Mon âme est comme un orchestre caché », écrivait Fernando Pessoa dans Le Livre de l'intranquillité : de fait, notre bon vouloir est toujours sous le contrôle d'activités neuronales indépendantes de notre conscience. Des expériences ont ainsi démontré que des changements d'activité dans notre cerveau sont détectés plusieurs secondes avant que nous ayons décidé, prétendument librement, d'agir ! Elles sonnent le glas de la célèbre formule « Je pense donc je suis », aussi mise à mal par d'impressionnants cas pathologiques, comme ce médecin qui, lors d'une crise d'épilepsie, parvint à consulter en pleine inconscience…

Qu'est-ce que la conscience et quelle est sa nature profonde ? Sommes-nous tous des zombis prisonniers d'un cerveau qui n'en fait qu'à sa tête ? Possédons-nous vraiment un libre arbitre ?

Une synthèse aussi vertigineuse que magistrale.